En projetant son fils aux commandes du ministère de l’Energie, en sus de ses autres attributions gouvernementales, le président Abdoulaye Wade semble le positionner de plus en plus comme le futur homme fort du Sénégal. Un garçon qui, à part d’être le fils de son père, n’a aucune légitimité sur le terrain politique, économique et social.
S´étant tenu à dix mille lieues des mouvements protestataires initiés par le Parti démocratique sénégalais (Pds) que dirigeait son père à l’époque de la gouvernance socialiste, il ne s’était pas non plus révélé à l’attention de l’opinion, comme nombre de ses compatriotes connus dans les lycées, pour leurs brillants résultats scolaires, raflant tous les prix d’excellence ; ni pour son implication dans le mouvement élève, étudiant ou associatif.
Héraut de la première alternance politique du Sénégal survenue à l’issue d’élections libres et transparentes, le président Abdoulaye Wade aurait été plus inspiré en articulant sa préoccupation autour de la donne essentielle qui met l’émergence économique et la bonne gouvernance au cœur du débat, au lieu de s’abîmer dans des calculs frappés d’indignité démocratique. C’est à se demander comment cet ancien opposant, juriste de surcroît, qui s’est battu pendant 25 ans pour une dévolution démocratique du pouvoir peut-il développer des pratiques autoritaires dignes d’un Mobutu ou autre Eyadema en « bombardant » son fils de lourdes responsabilités ministérielles ?
Jamais dans le Sénégal indépendant, famille de chef d’Etat n’aura été aussi présente dans l’architecture gouvernementale jusqu’à se retrouver au cœur de certaines prises de décisions qui engagent le devenir du pays. Un ambassadeur démis de ses fonctions et rappelé par la tutelle parce que la fille du chef de l’Etat, nommée dans la coordination du Festival mondial des Arts nègres serait mécontente du fait qu’il n’ait pu lui trouver une audience avec le président du Brésil. Un ministre renvoyé par la faute d’un désaccord avec le fils du président qui réclamait sa tête. Un Président de l’Assemblée nationale, 2ème personnalité de l’Etat de l’époque, destitué de ses fonctions pour avoir eu l’outrecuidance de convoquer ce même fils pour l’auditionner par les députés sur les chantiers controversés de l’Anoci dont il avait la charge.
Aussi, le président Abdoulaye Wade est-il instamment invité à savoir raison garder du fait que le challenge qu’il lui incombe de relever ne saurait se complaire, comme il en donne l’impression, dans une estime mégalomaniaque de soi.
Le Sénégal mérite d’offrir autre chose à l’Afrique et au monde que le visage hideux d’un Etat cabossé déroulant une chronique quotidienne de la désinvolture. Il y a urgence à le réconcilier avec l’Etat de droit, un Etat impartial garant de la laïcité, de la séparation des pouvoirs, de l’exercice des libertés et de l’unité nationale.
Vieux Savané Journaliste
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